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6 décembre 2010

Tropique du Cancer

heny_millerTROPIQUE DU CANCER - Henry Miller
1891-1980

    Voici le premier livre que j'ai lu d' Henry Miller. Celui qui m'a donné envie de découvrir le reste de son Œuvre, et qui en fait un de mes auteurs fétiches, celui qui remonte le moral et le détruit dans la même seconde.
    Henry, c'est cru, toujours. C'est la laideur magnifiée, C'est beau comme du Bukowski, comme une viande séchée au soleil, comme "La Charogne" de Baudelaire, comme le vagin de Tania, c'est la vie d'un quadragénaire au plus brut de sa forme, sans fioritures, sans pudeur, rien qu'à l'essentiel.
    C'est une insulte démesurée, un crachat à la face de l'Art, un coup de pied dans le cul à Dieu, à l'Homme, au Destin, au Temps, à la Beauté, à l'Amour !... à ce que vous voudrez.
   

    Tropique du Cancer
n'est pas un roman comme les autres, ce n'est pas construit sur un schéma précis, un auxiliaire-sujet-verbe. C'est un peu comme la pensée retranscrite telle qu'elle vient. Le livre est également autobiographique, il s'agit en partie des frasques de Miller, hors du système, tantôt  vie de bohème dans les rues de Paris, tantôt en procès aux USA, et pour finir ermite dans une cabane en Californie.
    Le personnage principal approche de la cinquantaine, il est écrivain "du vice", il se livre à des relations libres et sans tabous. De Tania à Germaine et tant d'autres, c'est du sexe encore et encore, dans tous les sens, sous toutes ses formes. Mais aussi avec beaucoup d'humour.
Attention, que les amateurs de littérature érotique ne s'y méprennent pas : il ne s'agit pas que de ça.
    Miller critique la société ( des années 1930, mais que l'on retrouve aujourd'hui ), l'argent, l'édition, les femmes, les hommes. Il est maître dans l'art de passer de l'horreur à la poésie. Des passages de descriptions simplement pures de la beauté d'un paysage, d'un détail du quotidien...  Beauté macabre, beauté sale, beauté sombre, bandante, ou juste banale. Récits d'un artiste cultivé, éclectique, tourmenté. Voici une citation du début du livre, assez longue, mais très significative :

    J'ai un os de six pouces dans la queue. J'aplatirai tous les plis de ton vagin, Tania, et le remplirai de semence ! <<...>> Je te rive des boulons brulants dans le ventre, Tania ! Je porte tes ovaires à l'incandescence. <<...>> Après moi, tu peux bien prendre des étalons, des taureaux, des béliers, des cygnes, des St-Bernard. Tu peux te fourrer des crapauds, des chauves souris, des lézards jusqu'au fond du rectum. <<...>> Je t'encule Tania, tant et su bien que tu resteras enculée ! Et si tu as peur d'être enfilée publiquement, je t'enfilerai dans le privé. Je t'arracherai quelques poils du con, et je les collerai sur le menton de Boris. Je te mordrai le clitoris, et je cracherai des pièces de quarante sous.

    Le ciel indigo, balayé de ses nuages cotonneux arbres décharnés s'étendant à l'infini, avec leurs branches noires gesticulant comme somnambules. Arbres sombres, spectraux, aux troncs pâles comme de la cendre de cigare. <<...>> En passant devant l'Orangerie un autre Paris me revient à l'esprit, le Paris de Maugham, de Gauguin, de George Moore. Je pense à ce terrible Espagnol qui effarouchait alors le monde avec ses bonds acrobatiques, de style en style. Je pense à Spengler et à ses terribles pronunciamentos, et je me demande si le style, le style grandiose a disparu. Je dis que mon esprit est occupé de ces pensées, mais ce n'est pas vrai; ce n'est que plus tard, après avoir traversé la Seine, après avoir laissé derrière moi le carnaval des lumières, que je laisse mon esprit jouer avec ces idées.
 

Œuvre que Blaise Cendrars qualifia de "livre royal, livre atroce ".
Miller s'est plus tard pris d'affinité avec Anaïs Nin, qui devint  sa femme, d'où la publication de leurs longues "Correspondances". Il a vécu en France à Paris, à Dôme (Dordogne), puis est retourné à New-York dans les années 40, où il continua à écrire avec une verve plus puissante que jamais.

Le livre a valu un procès pour obscénité et pornographie à son auteur, et malgré l'évolution des mœurs, le succès de Beigbeder et autres écrivains scandaleux et la banalisation du sexe à la télévision etc., il fait toujours partie des livres tabous de la génération.

A lire également : Tropique du Capricorne, Max et les phagocytes, Sexus, Plexus, Nexus, Printemps noir, Lire au cabinet

Mrs Pulp.

Sources : Tropique du Cancer, Wikipédia

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